STREET FIGHTER ALPHA 2

Éditeur : Capcom

Genre : Baston

Année : 1996

Console : Super Nintendo

Également sorti sur : Playstation, Saturn

Nombre de joueurs max : 2 simultanément

Également connu sous le nom : Street Fighter Zéro 2 (Jap)

Lors de sa sortie en 1996, la Super Nintendo est à l’agonie. Tout le monde n’en a plus que pour les nouvelles 32 bits, si puissantes. Mais Capcom a compris qu’il y a toujours un public sur la bécane mythique de Nintendo, et Street Fighter Alpha 2 fait partie, avec entre autres Rockman & Forte (sorti en 1998 !), de ces titres qui démontrèrent le soutien de l’éditeur jusqu’au dernier souffle de la 16 bits.

Vous aurez beau courir après Street Fighter Alpha premier du nom, vous ne le trouverez que sur Saturn et Playstation. Et pour cause, le jeu n’est jamais sorti sur Super Nintendo, Capcom ayant basculé vers les 32 bits, avant de décider de porter le deuxième opus de sa série également sur notre console chérie. Et ce sera le dernier Street Fighter à voir le jour sur cette machine. En tant que tel, il fut distribué en quantités lamentables en occident, ce qui en fait aujourd’hui l’un des jeux les plus difficiles à trouver en version PAL ou US. Collector donc. La version japonaise, appelée Street Fighter Zéro 2, est plus courante mais ne se laissera duper par aucun adaptateur. Console switchée ou import obligatoire donc pour profiter de cette version.

Mais revenons-en au jeu lui-même, voulez-vous. Si vous ne connaissez pas la série Street Fighter Alpha, sachez qu’elle tourne à l’origine sur le système d’arcade CPS2 de Capcom. Cette série fait suite, commercialement parlant, aux premiers Street Fighter 2 que nous connaissons tous. Mais l’histoire du jeu prend place bien avant celle de ses aînés, et raconte la genèse de ces guerriers. Nous retrouvons donc dans cette série certaines têtes connues, mais avec quelques années de moins.

Street Fighter Alpha 2 vous propose d’incarner 18 combattants différents dont 8 débarquent tout droit de la série Street Fighter 2 (Ryu, Ken, Chun-Li, Dhalsim, Zangief, Sagat, Gouki/Akuma et Vega/Bison) et 10 sont inhérents à la série Alpha/Zéro. Parmi eux, on retrouvera des personnages de Final Fight tels que Guy ou Sodom, ou encore Charlie/Nash, l’ami de Guile tué par Bison dont il est question dans Street Fighter 2. Exit donc les Blanka, Honda et autres Balrog, mais nous les retrouverons dans Street Fighter Alpha 3 (sorti sur CPS2, Playstation, Saturn, GBA, PSP et Dreamcast). Vous suivez toujours ?

Si vous avez, comme beaucoup de joueurs, découvert les jeux de baston avec Street Fighter 2, vous ne serez pas dépaysé. En effet, les bases du gameplay sont les mêmes que dans les précédents volets, avec bien entendu quelques ajouts et nouveautés. Le jeu utilise donc les 6 boutons de la manette avec 3 boutons de coup de poing (faible, moyen et fort) et 3 boutons de coup de pied (idem), tous paramétrables dans les options. On trouve toujours les habituels coups spéciaux, chopes, Hadokens et compagnie, auxquels vient se greffer un système de furie. Cela peut paraître anecdotique au joueur qui a suivi l’actualité Street Fighter en arcade ou sur 32 bits, mais sur Super Nintendo, c’est du jamais vu ! Au cours du combat, vous verrez donc votre jauge de furie (en bas de l’écran) se remplir. Elle comporte trois paliers, déterminant la puissance ou le nombre de furies que vous pourrez lâcher. Et si vous finissez votre adversaire de cette manière, vous aurez droit à un petit effet visuel des plus sympathiques. Pour les amateurs de High Scores, les points seront comptabilisés différemment selon la façon dont vous finirez l’adversaire : coup simple, coup spécial, chope ou furie. Le côté technique et à la fois bien bourrin de la série est donc présent, pour notre plus grand plaisir.

Arcade oblige, les modes de jeux ne sont pas légion. Un mode arcade pour jouer seul et découvrir l’histoire de chaque personnage avec de courtes fins en images fixes, et un mode versus pour s’en mettre sur la tronche entre potes. Un peu léger donc, dirons les mauvaises langues, mais honnêtement, les autres modes de jeu sont souvent anecdotiques dans les jeux de baston. Une fois le choix du mode effectué, vous devrez donc choisir votre combattant, dont la couleur de l’uniforme – rien de nouveau – dépendra du bouton que vous aurez utilisé pour valider votre sélection. S’ensuit le choix de la garde automatique ou non. Et là je ne saurais que trop vous conseiller de conserver une garde manuelle pour ne pas nuire à l’intérêt du jeu. Cette garde s’effectue toujours à l’aide de la flèche arrière comme vous pouviez vous en douter. Enfin, dernière étape avant l’affrontement, vous devrez choisir entre une vitesse de jeu normale et une vitesse accélérée (« turbo »), et là une seule solution s’impose d’emblée : le mode turbo.

Car oui Street Fighter Alpha 2 est lent. Encore plus cette affreuse version PAL qui tourne par défaut en 50 Hz. Mais même sur une version import à pleine vitesse, c’est tout juste correct. En fait, ce jeu fait mal à la Super Nintendo. Oui votre console aura mal, car Street Fighter Alpha 2 va la pousser dans ses derniers retranchements. Peut-être même un peu trop. Capcom a beau avoir réussi une véritable prouesse avec cette conversion, le miracle n’a pas eu lieu. Alors oui le jeu est magnifique, avec des décors détaillés et colorés, des sprites imposants et quelques effets hallucinants pour notre petite 16 bits (le stage de Gen vous fera écarquiller les yeux, foi de padovar !), le jeu souffre de trop gros défauts pour être une complète réussite. La console n’arrive clairement pas à suivre, et malgré l’ajout d’une puce dans la cartouche, cela se ressent énormément. Sur l’animation tout d’abord, ou la fluidité n’est pas toujours au rendez-vous, surtout dans le stage de Charlie avec l’avion animé en fond. Mais c’est surtout sur le plan sonore que le bât blesse. Pour faire tenir son bébé dans une cartouche Super Nes, Capcom a comprimé la bande son comme un barbare, c’est absolument flagrant. Les musiques sont à peine audibles et toutes en mono, et les bruitages sont également incroyablement étouffés, voir totalement absents quand l’action s’enchaîne un peu trop vite. Si on ajoute à cela le fait qu’un temps de chargement des plus gênants a lieu au début de chaque round juste après le « Fight ! » , le plaisir de jeu final est clairement gâché. Et bien sûr, si vous voulez un tant soit peu profiter de ce jeu, n’essayez jamais la version Saturn qui lui est supérieure en tous points (c’est de loin la meilleure version console du jeu), car vous n’oserez plus revenir à la version Super Nes.

Mais ne crachons pas dans la soupe. Street Fighter Alpha 2 est beau, magnifique pour de la snes même. Il est fun, et le plaisir Street Fighter est bien présent. Le gameplay est exemplaire et ne souffre d’aucun défaut. Alors même si musiques et bruitages ont été complètement massacrés au cours du portage, et même si notre petite Super Nintendo a tant de mal à retranscrire tout le génie du jeu d’origine, saluons un portage audacieux auquel personne ne s’attendait, et qui vous procurera à n’en point douter de belles sensations de combat. L’essence de Street Fighter est là, et c’est bien l’essentiel.

Padovar, 2007